article mis à jour le 14 mai 2017
Amis haïjins, même différentes ou divergentes vos propres perceptions seront les bienvenues.
Un but, accorder la « forme » (5/7/5 ou tout autre) à son « contenu » et vice versa
D'une approche beaucoup moins évidente, il pourrait être enrichissant de s'y adonner.
Quelques aperçus sur « l'harmonie » envisageable dans le haïku
Cela pourrait ouvrir à tout un chacun une manière de ressentir, de faire ressentir les choses.
Dans l'art floral japonais, l'ikebana ou kadō (la Voie des fleurs), l'harmonie est réciproque.
Le vase sublime la fleur.
La fleur sublime le vase.
Selon mon intuition – elle peut me tromper ! –, un haïku pourrait revêtir une telle harmonie.
La rythmique (le vase)
En Occident, par convention liée à nos langues, les haïkus sont souvent disposés en 3 lignes.
Au travers de cette disposition, les haïjins en ressentiraient-ils une rythmique musicale ?
L'adapteraient-ils au plus près de la scène traitée (lourde, nostalgique, douce, légère...) ?
Chaque mot (un des pétales de la fleur)
Le « signifiant » du mot – sa seule apparence – d’une part, et ce qu'il « signifie » d’autre part.
Ce que les sonorités pourraient faire ressentir au-delà du sens (multiple sens) attribué au mot.
Cela nécessite un choix précis du moindre mot, il y a tant de nuances dans la langue française.
L'articulation du haïku
S’organise-t-elle comme les branches d'un éventail autour d'un « seul et unique rivet » ?
Une plus ou moins grande fluidité est-elle accordée au contenu selon la scène évoquée ?
La calligraphie
Au Japon, un haïku – comme un haïga – attire en premier lieu les yeux… avant d’être lu.
Convenons-en, réunir tous ces ingrédients dans un haïku est bien loin d’être une évidence.
Si l’exercice est pour le moins difficile et exigeant, il peut être passionnant de le tenter.
Juste trois essais qui frisent la forme 5/7/5 (une forme qui en soi n'est pas une panacée)
Pardon de me citer – en aucune façon, ces essais ne sauraient valoir d'exemples probants.
Sans trop intégrer les sens, laissez d’abord vos yeux percevoir les finesses de la calligraphie…
puis tentez de ressentir les mélodies et ce qu’elles pourraient sous-tendre au travers des mots.
Note sur la version Française et sa traduction Anglaise (effets proches)
● L1 : mise en place d’une ambiance qui va s’avérer en léger contraste
● L2 : une succession de sonorités (à lire en douceur) : “s”, “z” et “f”
● L3 : au final, la mystérieuse apparition des fleurs
« L’ombre transcende la lumière diffuse » (notion japonaise)
Note sur la version Française et sa traduction Anglaise (effets proches)
● L1 : amorce d'un « effet ondulatoire » dans l'articulation des mots eux-mêmes
● L2 / L3 : prolongement de cet « effet ondulatoire » sur l'ensemble de la scène
Lire au moins deux fois « à haute voix » le haïku pour mieux ressentir les effets
En ressentiriez-vous une ambiance alourdie telle celle créée sous une canicule ?
“kagerō”, en un seul mot « la vapeur qui s'élève de la terre »
La sensibilité japonaise est particulièrement perméable à cette sorte d'ondulation un peu floue...
Note sur la version Française et sa traduction (non littérale) Anglaise
● L1 : conforme à la scène sous-tendue, une introduction appuyée en “R/R”
● L2 : détachée de L1, une sonorité agaçante (“grinçante” / “creaking crank”)
● L3 : en léger contraste avec L1 et L2
Notez que rien n’est explicite dans cet essai (faire ressentir sans le dire)
Sauf que manifestement nous ne sommes pas dans un palace
Francis Tugayé
(version blog © mai 2017)
Première publication en page 11 de la revue Ploc n° 25 (juin 2011)
Compte rendu de cours de haïkus (suite), les ambiances automnales, haïbuns...
Association pour la Promotion du Haïku
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